11 janvier 2015

Si je peux partir aussi facilement en voyage, c'est parce que je suis Français.

La France :Terre de Liberté, d'Egalité, de Fraternité.

Ce dimanche 11 janvier, la France pleure 17 de ses citoyens, lachement assassinés par des marionnettes de la Tyranie les 7 et 8 janvier 2015.

Frédéric Boisseau (42 ans)

Franck Brinsolaro, (49 ans) ce dimanche 11 janvier

Jean Cabut, dit Cabu (76 ans)

Elsa Cayat (54 ans)

Stéphane Charbonnier, dit Charb (47 ans)

Philippe Honoré, dit Honoré (73 ans)

Bernard Maris (68 ans)

Ahmed Merabet (40 ans), policier.

Mustapha Ourrad (60 ans)

Michel Renaud (69 ans)

Bernard Verhlac, dit Tignous (57 ans)

Georges Wolinski, dit Wolinski (80 ans). 

Clarissa Jean-Philippe (26 ans)

Philippe Braham (45 ans)

Yohan Cohen (20 ans), employé de la superette

Yohav Hattab (22 ans)

François-Michel Saada (63 ans)

Leurs noms sont désormais gravés dans la liste des victimes des attentats que je suivais avec attentions mais avec dégouts depuis le Nord de la France et la Belgique.

Je me revoit entendre à la radio, dans ma voiture avec mon cousin, les assauts du RAID et du GIGN à quelques instants d'intervalles.

Depuis, la France est touchée, mise à genoux par des terroristes. Des assassinats parce qu'ils étaient libres, parce qu'ils étaient policiers parce qu'ils étaient juifs, parce qu'ils étaient Francais. Cette sauvagerie est sans nom, je ne sais pas comment la décrire. J'ai encore en tête cette vidéo montrant ce policier a terre dans l'une rue de Paris. C'est révoltant, il est froidement abattu à bout portant, un cauchemar national vécu par 66 millions de personnes.

Un jour de deuil national est décreté le vendredi 9 Janvier, avec une minute de silence à l'honneur. Je suis en revanche consterné que les professeurs et enseignants, censé expliquer et enseigner la laïcité aux nouvelles générations ne soient pas en première ligne. Ma petite soeur en classe de 6ème n'a pas compris pourquoi il a fallu se taire une minute à l'école, je ne cache pas ma honte et ma colère ! Bordel de Merde !

Très vite, l'apparition d'un slogan se propage : "JE SUIS CHARLIE". Je lirai plus tard que l'auteur du logo (Joachim Roncin) gris sur fond noir cherchait, au moment de la fusillade de Charlie Hebdo, un bonhomme avec une marinière rouge et blanche dans une bande dessinée connue "Où est Charlie?" avec son fils. Repris sur internet, le logo fera le tour du monde. Des plages de Rio à Times Square, de Hollywood au Caire, de Sydney à Londres.

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Si je m'approprie ce logo, c'est pour l'ensemble des victimes. Je suis aussi Charlie que Clarissa ou Ahmed.

Des rassemblements de la population ont lieu un peu partout en France au départ, puis dans le monde entier.

 

La place de la République à Paris est tel une révolution symbolique. L'empire State Building honore la France par ses illuminations.

 

Des grandes villes se manifestent comme ici Londres à gauche et Bruxelles à droite.

 

Les démarches individuelles ou collectives sont respectueuses et inventives.

 

 

Un artiste sur la plage de Royan dessine le temps de la marée basse cette figure éphémère.

 

Les actes d'hommage sont à certains endroits visible et d'autres un peu moins !

 

Toutes les générations sont là, pour le "vivre ensemble".

Des communions pacifiques, sans violences, sans récupérations politiques, sans drapeaux de syndicats. Simplement des Français et Françaises compatissants la douleur des familles des victimes. Je me souviens avoir regardé à la télévision les images du World Trade Center en boucle le 11 septembre 2001, comme les reportages des attaques meurtrières sur ceux de Mardrid et de Londres. Mais pas de rassemblement populaire en masse. Seulement des attentats qui laissent s'installer la peur, la méfiance, l'obscurantisme, la haine et l'gnorance, mais pas d'effets planétaire comme ce weekend. Parce que si les derniers attentats s'attaquaient à des symboles, des monuments, des lieux de cultes, ou des lieux de rassemblements; celui vise une devise immatérielle dont beaucoup se sont battus : FREEDOM - LA LIBERTE.

Mais ce dimanche ne ressemble à aucun autre dimanche. Le peuple se souleva unie, version patriotique, indivisible, solidaire, reconnaissant, debout. La France devient le temps d'une journée la Capitale du Monde, selon le président Hollande. Pour moi, je ne me sens plus seul, je découvre une France "patriote" battant le pavé pour dire NON, une France comme je l'aime, fière.

Au fur de mes voyages, je pensai que seuls quelques pays comme les USA ou l'Australie possedaient cet élan de fierté nationale. Aujourd'hui, j'y inclus mon pays.

L'espoir s'embrase, la démocratie est intouchable, la liberté reprends le dessus sur les évènements tragiques.

Je parle souvent de liberté dans mes récits. Elle est la base de tout voyages. C'est aussi la devise du pays incrite sur toutes les mairies, tribunaux et écoles de France, y compris la mienne. Comment l'oublier !

Ce 11-01-15 restera dans l'histoire par une démonstration de force du peuple, défilant dans la rue, montrant que la France n'a pas peur.

 

 

 

 

A Paris, le nombre de marcheurs est incalculable. Certains observateurs parlent de 1,4 millions de personnes dans les rues. Certains ne pourront pas y acceder, faute de métros bondés dans la Capitale. D'autres regardent la télé en pensant y être. Bref, tout un pays rassemblé. Les photos sont d'une force incroyable. Certains ne cachent pas leurs émotions, emportés par la foule épanouie, heureuse, joyeuse, transcendée ! Certaines photos sont explicites, j'en affiche quelques unes pour le souvenir d'un jour de gloire arrivé.

 

Ce dimanche là, je rejoins près de 10 000 personnes dans les rues de Tulle. La ville est déserte de voitures, le silence est presque total. Je me suis garé sur les hauteurs de la ville, me laissant de glace face à ce monde réuni au pied de la cité administrative. Je descends sous un ciel bleu, un soleil étincellant et un froid certain. Je finis de descendre la rue quand le cortège avance face à l'hôtel de Police. Et dans un élan reconnaissant de protection et de bienveillance, pour le remerciement des sacrifices des deux hommes et d'une femme tombés face à l'ennemi, nous applaudissons.

 

 

Je ne sais pas si un jour je pourrai refaire ce geste si improbable. Les mines autour de moi sont déconfites, d'autres applaudissent de toutes leurs forces. Certains profitent pour brandir un drapeau tricolore, une pancarte "je suis Charlie", ou des crayons en hommage. Je revois un homme défilant avec un nez rouge d'un clown, comme faisant un pied de nez aux barbares. 

Le cortège avance, la marche fait 1200 mètres. A un moment, je suis en face du Tribunal de l'autre côté de la rivière, la Corrèze. Le cortège est encore là...soit une longueur de 450 mètres au minimum. Une fois le tour des quais terminé, il y a un instant de recueillement, de silence. Puis vient une salve d'applaudissements, puis une douce et raisonnante Marseillaise. J'en avais la gorge serrée. Porté par la ferveure, chanter l'hymne nationale dans un stade est une chose facile et envoutante. Mais une Marseillaise dans ces conditions, ce n'est pas la même émotion ressentie. Le frisson m'envahi, la chaire de poule, tout les poils de mon corps sont au garde à vous.

Avec du recul, je me rends compte que je marche avec les autres, de toutes religions différentes, de touts âges, de toutes horizons politiques. A un instant, je me crois même à un cortège funéraire. Drôle de sensations.

Pour autant, je n'acheterai pas le prochain numéro de Charlie Hebdo n°1178 du mercredi 14 janvier, ni les prochains à priori. Car si la liberté d'expression est sans limites, je ne cautionne pas les le manque de respect envers une religion comme l'Islam ou le Judaïsme comme Charlie Hebdo peu en rire. On peut aimer ou ne pas aimer, c'est ça aussi la liberté d'opinion.

Encore quelques images importantes qui resteront dans l'Histoire, comme l'Assemblée Nationale et le Sénat qui chante la Marseillaise. Il faut en effet remonter au 11 Novembre 1918 pour retrouver pareil événement. A l’époque, après l’annonce de l’armistice par Georges Clémenceau, la représentation nationale avait chanté l’hymne national en hommage aux députés d’Alsace et de Lorraine qui ne tarderont pas à rentrer dans le giron français. Hormis cet événement,il n'y a pas de précédents de cette ampleur, seulement quelques affrontements entre fractions de députés, comme sous le Front Populaire notamment.

Il y a aussi cet homme des forces de l'ordre déposant des bouquets de fleurs que les passants déposent sur les lieux de la prise d'otage Porte de Vincennes.

 

Je partage cette émotion pour un peu de fierté dans un sens, pouvoir en parler pour l'avoir vécu. Mais surtout pour le souvenir d'un jour où le peuple est devenu les Hussards de la République, les Gavroche de la révolte démocratique, bravant la peur pour un idéal universel : La Liberté.

La Liberté !